décembre 8, 2023

Mali đŸ‡ČđŸ‡± : Le jeu trouble de l’armĂ©e française Ă  Kidal

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Le dĂ©saccord entre Paris et Bamako commence en janvier 2013, Ă  l’aube de l’opĂ©ration Serval (l’ancĂȘtre de Barkhane) menĂ©e par les forces françaises. La France a lancĂ© une guerre Ă©clair contre les groupes jihadistes. La descente vers Mopti de Iyad Ag Ghaly, alors chef d’al-QaĂŻda au Maghreb islamique (devenu le Groupe de soutien Ă  l’islam et aux musulmans) et ses hommes est trĂšs vite stoppĂ©e. Les rĂ©gions de Gao et de Tombouctou sont regagnĂ©es. Mais malgrĂ© les succĂšs, une opposition entre Paris et Bamako va trĂšs vite se dessiner. Au centre des dissensions : le rĂŽle que doit jouer le MNLA (ancĂȘtre de la CMA). DĂšs les premiĂšres victoires françaises, les rebelles du MNLA offrent leur aide Ă  Paris. Cette alliance dĂ©plaĂźt tant au pouvoir qu’à l’opinion malienne, mais Paris la scelle.

En effet, en 2013, la majoritĂ© des Maliens n’avait pas compris pourquoi les soldats français avaient empĂȘchĂ© l’armĂ©e malienne d’entrer Ă  Kidal, fief de la rĂ©bellion. ConsĂ©quence : Kidal demeure toujours sous l’emprise des groupes armĂ©s notamment ceux de la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), Ă©chappant ainsi au contrĂŽle de l’Etat. Cette situation provoque la colĂšre des populations qui ont aussi eu le sentiment que la France « collaborait » avec des « ennemis » du Mali.

Beaucoup de Maliens reprochent notamment aux forces françaises de privilĂ©gier les intĂ©rĂȘts de la CMA et sont, de ce point de vue, au centre des alliances entre groupes armĂ©s qui se font et se dĂ©font au rythme des saisons.

Au sein de l’opinion malienne, l’on est convaincu que la rĂ©bellion touarĂšgue a fait un compromis avec l’Otan et la France en abandonnant Kadhafi en pleine crise libyenne. Le marchĂ© Ă©tait que si elle quittait le sud de la Libye, la France l’aiderait au mieux dans ses revendications au Mali. Vrai ou Faux ? Au vu de certains Ă©vĂšnements troublants, l’on est tentĂ© de croire Ă  la thĂšse du complot contre le Mali.

Aussi, combattu par leurs alliĂ©s djihadistes, Serval dans son intervention pour libĂ©rer le Mali a permis la rĂ©gĂ©nĂ©ration du MNLA. Et certains mĂ©dias français se sont investis pour sĂ©parer thĂ©oriquement ce mouvement des djihadistes. Alors que lors de l’occupation du Nord, les populations se sentaient plus en sĂ©curitĂ© avec AQMI et MUJAO qu’avec le MNLA qui violait, pillait, volait et tuait sans Ă©tat d’ñme.

Autant d’actes qui ont longtemps cristallisĂ© la colĂšre des maliens contre la France. Et le fossĂ© s’élargisse, au rythme des actions de Barkhane en faveur de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), chaque fois que celle-ci est menacĂ©e. En novembre 2019, de violents affrontements avaient opposĂ© les combattants du GATIA (Groupe d’auto-dĂ©fense touareg Imghad et alliĂ©s) aux Ă©lĂ©ments de la CMA. Il a fallu l’intervention des français pour sauver le mouvement qui Ă©tait en mauvaise posture Ă  Kidal
 Le Gatia a fini par abandonner la partie. En rĂ©alitĂ©, le Gatia avait subi la pression (l’intervention ?) des forces françaises et de la Minusma. Ce n’était pas une premiĂšre.

Des responsables du Gatia et de la Plateforme avaient dĂ©noncĂ© l’ingĂ©rence française en ces termes : « les français ont sauvĂ© leurs protĂ©gĂ©s ». On se souvient aussi que la plateforme avait pris la localitĂ© de MĂ©naka, le 27 avril 2015. Elle sera contrainte, Ă  la faveur d’un « arrangement sĂ©curitaire » de quitter cette localitĂ©. Il s’est avĂ©rĂ© que la pression de la mĂ©diation visait surtout Ă  satisfaire les dĂ©sidĂ©ratas de la CMA, qui avait fait de ce retrait un prĂ©alable Ă  la signature de l’accord de paix entĂ©rinĂ© le 15 mai 2015 par le gouvernement malien et ses alliĂ©s. Également, toujours sur fond de chantages et de fourberies, la CMA avait aussi rĂ©ussi Ă  retrouver ses positions Ă  AnĂ©fis, d’oĂč elle avait Ă©tĂ© chassĂ©e par la Plateforme, en septembre 2015. Pour y revenir, la CMA a dĂ» faire appel Ă  ses soutiens occultes. ConsĂ©quence : l’autoritĂ© de l’État n’a pas Ă©tĂ© retrouvĂ©e (Ă  Kidal) et ne peut pas l’ĂȘtre, puisque la France l’interdit.

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