Une personne sur quatre juge que la France est un « régime autoritaire », selon un sondage

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Dans une enquête réalisée par Harris Interactive pour le magazine Challenges, les Français interrogés jugent sévèrement l’état de la démocratie dans l’Hexagone. Une majorité de sondés estimant même qu’elle s’est dégradée ces dernières années.

Selon les résultats d’un sondage effectué par l’institut Harris Interactive pour l’hebdomadaire économique Challenges auprès d’un panel de 10 000 personnes, publiés le 24 août, «le sentiment d’inquiétude prédomine dans un vaste nombre de domaines» au sein de la population française. Une inquiétude qui serait alimentée par le dérèglement climatique, les menaces sur le pouvoir d’achat et un sentiment de déclin du pays, partagé désormais par 60% des Français, contre 47% lors de la précédente enquête un an plus tôt.

Ce déclin est d’ailleurs imputé par deux tiers des sondés aux responsables politiques, sondés qui jugent assez sévèrement le fonctionnement des institutions et de la démocratie française : plus de la moitié (59%) estiment ainsi que la démocratie s’est dégradée en France au cours des dernières années, tandis qu’un Français sur quatre (26%) estime désormais que la France est un « régime autoritaire », soit une progression de 8 points par rapport à l’enquête réalisée en 2021. « Alors même que la France a connu deux moments démocratiques importants ces six derniers mois avec la tenue de l’élection présidentielle et des élections législatives », souligne Challenges.

Globalement, moins d’un Français sur deux (45%, -9 points depuis novembre 2021) estime aujourd’hui que la démocratie fonctionne « très bien » ou « assez bien » dans le pays, tandis que 37% des répondants (+8 points par rapport à 2021) considèrent que les élections sont « faussées ». Plus précisément, un quart considère que les scrutins sont « la plupart du temps » faussés, et 11% que c’est « toujours ou presque » le cas.

Si ce sentiment de dégradation démocratique est plus marqué parmi les sympathisants des oppositions (Rassemblement national, Reconquête !, La France insoumise), « la progression du sentiment autoritaire en France concerne l’ensemble des catégories de population », relève l’hebdomadaire. Cette perception fait écho au classement établi par le journal britannique The Economist, qui rend compte de l’évolution des démocraties dans le monde : dès 2021, la France s’est vue attribuer le statut de « démocratie défaillante », en particulier à cause des restrictions aux libertés adoptées pendant la crise sanitaire.

Un potentiel de protestation élevé, mais sans approuver le recours à la violence
La décentralisation figure parmi les solutions plébiscitées par les sondés pour remédier à cette crise démocratique, près de 90% d’entre eux estimant que « trop de décisions sont prises à Paris par des personnes ne connaissant pas la réalité de l’ensemble du pays ». Quant aux manières d’exprimer le mécontentement, trois quarts des Français (+6 points par rapport à 2021) désapprouvent « le recours à des actes violents » pour s’opposer à des décisions prises par le gouvernement et les élus. Cependant, note Challenges, « plus d’un tiers des jeunes et 41% des proches de LFI estiment toutefois que ce moyen est compréhensible pour se faire entendre ». Un quart des sympathisants du RN, et 30% de ceux de Reconquête ! expriment la même attitude par rapport aux protestations violentes.

Plus globalement, l’institut Harris Interactive estime que « les mouvements de protestation semblent disposer d’un potentiel plus important que celui observé lors de la vague d’enquête de l’an dernier », une large majorité de Français (85%) déclarant qu’ils pourraient participer à un mouvement de protestation. Ces mouvements de mécontentement pourraient être alimentés par la dégradation de la situation économique, 85% des Français se disant « inquiets » pour leur pouvoir d’achat, contre 71% en 2021. Cette crainte n’épargne pas, d’ailleurs, les catégories aisées et les plus hauts revenus, tandis que des mesures telles que la surtaxation des véhicules de luxe (voitures, avions, yachts) ou le rétablissement de l’impôt sur la fortune recueillent l’approbation d’une très large majorité des répondants.

Un autre sondage réalisé en août par l’Ifop avait révélé que la plupart des Français jugeaient négativement le bilan de l’action d’Emmanuel Macron, particulièrement en matière de sécurité, dans toutes les catégories de la population.

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