Burkina Faso 🇧🇫 : «La France n’impose rien», affirme une secrĂ©taire d’État en dĂ©placement Ă Ouagadougou

Chrysoula Zacharopoulou, secrĂ©taire d’État auprès de la ministre des Affaires Ă©trangères, a rencontrĂ© mardi 10 janvier le prĂ©sident de transition du Burkina Faso Ibrahim TraorĂ© pour rĂ©affirmer l’engagement de Paris auprès de Ouagadougou, a annoncĂ© le Quai d’Orsay, dans un contexte de relations dĂ©gradĂ©es.
Elle «a rappelé que la France est un partenaire constant, engagé aux côtés du Burkina Faso dans le plein respect de sa souveraineté», a souligné le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Dégradation des liens diplomatiques
Cette rencontre intervient une semaine après que le ministère français a confirmĂ© avoir reçu une lettre de la junte burkinabĂ©e demandant le remplacement de l’ambassadeur de France au Burkina Faso, Luc Hallade. Le diplomate, en poste depuis septembre 2019, est dans le viseur des autoritĂ©s après avoir fait Ă©tat de la dĂ©gradation de la situation sĂ©curitaire au Burkina Faso, ravagĂ© par les attaques djihadistes.
Lors de sa rencontre avec le prĂ©sident intĂ©rimaire, arrivĂ© au pouvoir Ă l’issue d’un coup d’État fin septembre dernier pour renverser un prĂ©sident lui-mĂŞme putschiste, Chrysoula Zacharopoulou a rappelĂ© «le soutien de la France dans la lutte contre le terrorisme». «Ils ont Ă©changĂ© sur le renforcement du partenariat entre la France et le Burkina Faso, dans le domaine sĂ©curitaire, de l’aide humanitaire et du dĂ©veloppement», a ajoutĂ© le ministère.
Un pays miné par le djihadisme
La France rappelle que «des centaines de milliers» de personnes sont dĂ©placĂ©es au Burkina Faso et dĂ©plore des attaques meurtrières de djihadistes contre les populations civiles et contre les forces de sĂ©curitĂ©. Cette situation «doit continuer de mobiliser l’attention de tous et le soutien de la communautĂ© internationale», ajoute le ministère.
Ces derniers mois, Paris n’a cessĂ© de rĂ©pĂ©ter que la France Ă©tait disposĂ©e Ă poursuivre le partenariat avec Ouagadougou, en particulier dans le domaine militaire, Ă condition que ce partenariat soit souhaitĂ© par les BurkinabĂ©s.
Montée du sentiment anti-français
Mais l’ancienne puissance coloniale se heurte Ă un sentiment anti-français grandissant, comme dans d’autres pays de la rĂ©gion sahĂ©lienne oĂą elle s’est engagĂ©e militairement dans la lutte anti-djihadiste. En octobre, plusieurs centaines de personnes avaient ainsi manifestĂ© pour exiger le retrait de la France du Burkina Faso.
Le 18 novembre dernier, une autre manifestation contre la prĂ©sence française s’Ă©tait dĂ©roulĂ©e devant l’ambassade de France Ă Ouagadougou avant de se dĂ©placer vers la base militaire de Kamboisin, en pĂ©riphĂ©rie de la capitale, oĂą sont stationnĂ©es environ 400 forces spĂ©ciales françaises de l’opĂ©ration Sabre, chargĂ©es de traquer les chefs djihadistes au Sahel.
«La France n’impose rien»
«La France n’impose rien, elle est disponible pour inventer un avenir ensemble», a dĂ©clarĂ© Chrysoula Zacharopoulou Ă l’issue d’une rencontre avec le chef de la junte au pouvoir Ă Ouagadougou, le capitaine Ibrahim TraorĂ©. «Je ne suis venue ici influencer aucun choix ni aucune dĂ©cision, personne ne peut dicter ses choix au Burkina», a dit la secrĂ©taire d’État, ajoutant : «Nous sommes convenus avec le PrĂ©sident TraorĂ© d’avancer ensemble dans cet Ă©tat d’esprit».
En cohĂ©rence avec ce message, la France reste engagĂ©e sur tous les plans (humanitaire, sĂ©curitaire, dĂ©veloppement), au degrĂ© et dans les formes que souhaiteront les autoritĂ©s burkinabĂ©es», a affirmĂ© Chrysoula Zacharopoulou. Selon elle, «la France est en mesure de faire moins ou de faire plus, elle est aussi et surtout capable de faire diffĂ©remment, dans l’Ă©coute, le respect, l’humilitĂ©, car je comprends que c’est une attente qui est exprimĂ©e, avec force, ici».
Source : Le Figaro