Congo 🇨🇩 :La découverte au Kasaï d’un vase des Pharaons signifie-t-elle que les anciens rois d’Egypte auraient vécu en RDC ?
Sensationnelle et énigmatique découverte signalée dans la province du Kasaï occidental, celle d’un vase indiscutablement de l’art pharaonique, ce qui relance le débat sur l’influence antérieure de la civilisation négro-africaine sur la splendeur des anciennes dynasties royales d’Egypte
Les archéologues vont trancher : l’affaire de cette vase qui correspond curieusement à la petite cuve dans laquelle les Egyptiens auraient conservé les organes internes d’un Pharaon à sa mort, notamment le foie, et qui représentait la direction Sud, a circulé dans le plus grand secret dans les milieux politiques et culturels de la France avant d’être révélée.
L’Egypte présente la caractéristique unique d’avoir été le berceau d’une civilisation extrêmement originale qui s’est maintenue continûment, et quasiment sans emprunt extérieur pendant près de trois millénaires, entend-on toujours dire. Mais cette affirmation risque d’être contredite. Et pour cause: la découverte dans une mine d’or, à Kakulu, un village situé dans les environs des localités de Kabemba et Konyi, à plus ou moins 200 km de Kananga, au Kasaï occidental, d’une de quatre vases canopes jadis utilisées dans l’Egypte antique pour conserver les organes internes du Pharaon, notamment le foie, les poumons, l’estomac et les intestins.
Au nombre de quatre, ces vases très recherchés dont l’un vient d’être repéré sur le sol RD-congolais représentent les quatre âmes d’Horus l’ancien, eux-mêmes secondés dans leurs tâches par une déesse. Ils étaient, selon les chercheurs dont AfricaNews a plongé dans les études, fabriqués en calcaire, en albâtre, en terre cuite, en céramique ou en faïence et étaient déposés près du sarcophage, dans la chambre funéraire du tombeau, sur une caisse ou une cuve.
Si le chiffre 4 représente les quatre directions, selon les égyptologues, l’homme et la déesse Isis protègent le vase canope contenant le foie et représentant le Sud, ce qui correspond à la découverte du RD-Congolais Mohamed Betu Abba. La pierre verte prisée par les Reines égyptiennes pour le maquillage y également été trouvée. C’est également au Sud, et encore en RD-Congo, précisément sur la rivière Lualaba qu’a été découverte en 1918 un Osiris en or. Les Egyptiens et leurs Pharaons auraient-ils vécu en RD-Congo avant de migrer au Nord ?
Les archéologues tentent d’y trouver une réponse. En attendant, l’histoire du vase de Kakulu a circulé dans les plus hauts milieux politiques et culturels français avant de nous être contée. La découverte, y croit-on, peut permettre de réécrire une page d’Histoire de l’Afrique. Débat suscité.
Après une première découverte d’un Osiris en or faite en 1918 sur la rivière Lualaba, dans le Katanga, la même zone lubaphone, Mohamed Betu Abba, un exploitant de l’or, vient de découvrir, dans une mine d’or ouest-kasaïenne, un objet d’origine égyptienne. Et il estime, avec conviction, que cela vient remettre en cause la théorie selon laquelle la civilisation égyptienne n’a pas subi l’influence négro-africaine. Les archéologues devront s’investir pour que la lumière jaillisse.
Au mois de novembre 2009, Mohamed Betu Abba, dans sa routine dans une mine d’or de Kakulu, un village localisé dans les environs de Kabemba et Konyi, à plus ou moins 200 km de Kananga, au Kasaï occidental, tombe pile sur un objet d’art qui ne manque pas de retenir toute son attention. Entre la peur et la curiosité, il sort l’objet du cours d’eau et constate qu’il s’agit d’une œuvre ancienne qui est loin d’avoir des origines kasaïennes, RD-congolaises. Gardé jalousement pendant quelques mois dans ce coin de la province, l’objet se retrouvera à Kananga une fois que Mohamed se rendra dans cette ville plusieurs mois plus tard. De là , il toque à plusieurs portes censées lui apporter de la lumière sur cette trouvaille.
Dans cette quête effrénée d’un analyste avisé, Mohamed va se retrouver entre les murs de la société SALOME SPRL, l’entreprise du Français Pascal Rimani, un opérateur culturel très versé dans la chose artistique à Kananga. Rimani prend l’affaire à son compte en s’investissant à son tour dans des recherches d’usage. Il adresse illico presto une correspondance au musée de Kananga dans des termes sans équivoque : « Cette découverte peut permettre de réécrire une page d’histoire de l’Afrique. Il faut pouvoir certifier sans conteste que l’objet a été bien déposé in-situ et non pas charrié par un fleuve ou un autre quelconque cours d’eau », écrit Rimani en recommandant que le site où a été découvert l’objet soit sécurisé avant que des spécialistes équipés des matériels adaptés fassent la visite du lieu.
Car, pense-t-il, s’il existe d’autres objets du genre, il y a lieu de préserver sa stratigraphie. «Un objet hors contexte n’étant pas un élément de datation», précise le patron de SALOME SPRL.
Des détails qui ne trompent pas
Se fiant sur les conclusions du Musée des Confluences de Lyon, en France, avec lequel il a pris langue, Rimani fait une lecture détaillée de l’objet, laquelle a été soutenue par l’égyptologue Coté, en relevant que d’après sa forme, son descriptif et sa matière, il s’agit d’un couvercle de Vase canope. Les Vases canopes étaient utilisés pour conserver les organes internes des Pharaons à leur mort: l’un pour le foie, les autres pour les poumons, les intestins et l’estomac. Quatre au total, ces vases représentent les quatre âmes d’Horus l’ancien, eux-mêmes secondés dans leur tâche par une déesse tandis que le chiffre quatre représente quatre directions.
Il s’agit d’Amset, l’homme et la déesse Isis qui protègent le Vase canope contenant le foie et représentant le Sud -celui qui correspond avec la découverte de Mohamed Betu. Il y a également Hâpi, le babouin, la déesse Nephtys qui protège le Vase canope contenant les poumons et représentant le Nord, Douamoutef, le chacal, déesse Neith, protégeant le Vase canope contenant l’estomac et représentant l’Est tandis que Qebehsenouf, le chacal, la déesse Selket, protège le Vase canope contenant les intestins et représentant l’Ouest.
« Ils étaient fabriqués en calcaire, en albâtre, en terre cuite, en céramique ou en faïence et déposés près du sarcophage, dans la chambre funéraire du tombeau, sur une chaise ou une cuve», stipule la note de lecture. Au cours de l’histoire, ajoute-t-on, le nombre de ces vases ne varia pas mais leur forme, elle, subit une évolution remarquable. Tout d’abord, assez sobres et ventrus, ils deviendront par la suite plus élancés à partir du règne d’Amenhotep III – Nouvel Empire – avec des épaules hautes et une base étroite.
A la basse époque, précise-t-on, leurs formes sont devenues trapues de la même manière que les couvercles ont également évolué. Car, d’abord ronds et plats avant de prendre, au Nouvel Empire, la forme humaine, portant les traits des défunts. C’est à partir de la XVIIIème dynastie, qu’apparurent les couvercles représentant les quatre fils d’Horus, quatre génies dont les trois à tête d’animal, une représentation qui se généralisa à l’époque ramesside.
L’un des quatre vases jamais trouvés nulle part, étant ainsi découvert au Kasaï occidental, il est fort probable que les trois manquant se trouvent dans les parages du site où l’autre a été trouvé. C’est là que les autorités et d’autres scientifiques RD-congolais sont tenus de remuer leurs méninges en vue de replacer la RD-Congo au centre des débats innovateurs et que le pays retrouve peut-être une place qui lui revient au niveau de l’histoire de l’humanité.
La chose a intéressé les milieux politiques et culturels français, notamment le ministre Frédéric Mitterrand, déjà cité dans ces colonnes dans l’affaire du panier Kuba, et le député Michel Terrot, président du Groupe d’amitié France–RD-Congo à l’Assemblée nationale française. Terrot devait faire le déplacement de la RD-Congo pour s’enquérir de la situation. Mais il se serait vu refuser le visa.