Division au sein du camp occidental sur le projet intervention militaire au Niger : La France humiliée et isolée

Dans la foulĂ©e du dĂ©saveu du prĂ©sident nigĂ©rian par le sĂ©nat de son pays, c’est dĂ©sormais au sein des puissances occidentales que se cristallise l’humiliation subie par la France. L’Italie, par la voix de son ministre des affaires Ă©trangères, prĂ©conise « une rĂ©solution diplomatique » pour apaiser la situation nigĂ©rienne. Cette position Ă©manant d’un État europĂ©en de premier plan fragilise davantage la position française, qui cherchait Ă  rallier l’ensemble de l’Union europĂ©enne Ă  sa stratĂ©gie de sanctions envers le peuple nigĂ©rien. Par ailleurs, les nations septentrionales d’Europe (Belgique, Suède, Finlande et Norvège) s’opposent fermement Ă  toute intervention militaire et ont maintenu leur aide au dĂ©veloppement. Les États-Unis, incontestablement Ă  la tĂŞte du camp occidental, ont eux aussi optĂ© pour un recul diplomatique, affirmant : “Nous avons toujours privilĂ©giĂ© le dialogue pour rĂ©soudre cette crise”.

En l’espace d’une semaine, Paris voit le projet d’une croisade des puissances occidentales et leurs valets africains pour envahir le Niger s’effondrer, comme un château de cartes. Plusieurs facteurs ont contribuĂ© Ă  ces revirements, susceptibles d’avoir d’importantes consĂ©quences pour la relation France-Afrique, dont le tombeau pourrait se trouver Ă  Niamey. Trois Ă©lĂ©ments majeurs ont conduit Ă  ce changement de cap. D’abord, la dĂ©termination et l’unitĂ© affichĂ©es par les forces militaires nigĂ©riennes, engagĂ©es Ă  mener Ă  bien un projet mĂ»rement rĂ©flĂ©chi, ce qui contraste avec la narration française parlant d’un “coup de tĂŞte d’un gĂ©nĂ©ral rĂ©ticent Ă  la retraite”. Ensuite, la mobilisation des opinions et des diasporas africaines, s’Ă©tendant de Bamako Ă  Abuja en passant par Ouagadougou. La solidaritĂ© manifestĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux envers le peuple nigĂ©rien a Ă©tĂ© Ă  la fois indĂ©fectible et massive. Finalement, un soutien aussi significatif qu’inattendu de la part des dirigeants burkinabĂ©s et maliens Ă  leurs homologues nigĂ©riens a pris de court les valets de la CEDEAO, puis surpris les puissances occidentales elles-mĂŞmes. Ce phĂ©nomène tĂ©moigne d’une solidaritĂ© intra-africaine sans prĂ©cĂ©dent depuis l’Ă©poque post-coloniale, allant au-delĂ  des simples dĂ©clarations de soutien.

NĂ©anmoins, les gains obtenus restent fragiles, et les NigĂ©riens doivent maintenir leur cohĂ©sion et leur vigilance pour dĂ©fendre leur pays contre les menaces terroristes et les intĂ©rĂŞts Ă©trangers. Les ressources pĂ©trolières, l’uranium et le gaz nigĂ©riens demeurent des “actifs stratĂ©giques” aux yeux de la France. L’embargo, inhumain et illĂ©gal, risque de raviver des mouvements sĂ©cessionnistes, Ă  l’instar du Mali, et potentiellement d’alimenter le terrorisme. De vĂ©ritables dĂ©fis sont Ă  anticiper dans le futur.

Source:TchadOne

Laisser un commentaire